Fiche technique
Réalisation : Céleste VIDAL-AYRINHAC
Durée : 11:13
Résumé
Se planter, c’est un projet à la croisée entre une maison d’enfants à caractère social et mes études en cinéma d’animation. Il a poussé entre les cadres. Entre un jeu de cartes et un pédiluve. Entre une télé et un papillon. Entre une grande tante et sa petite nièce… Les histoires s’élargissent et l’imprévu mûrit. Prenez, pour commencer, quelques boutures d’espoir.
Dans le film, chaque rencontre se trouve soudain transformée en fleur.
Céleste Vidal-Ayrinhac
4 questions à … Céleste Vidal-Ayrinhac
Bonjour Céleste ! Pourrais-tu nous parler de ton parcours, et du contexte dans lequel tu as réalisé le film SE PLANTER ?
Je suis élève aux Arts Décoratifs de Paris depuis 2018, et dans le secteur Animation depuis 2019. Chaque semestre, un sujet nous est donné et libre à nous de nous en emparer de sorte de réaliser un court-métrage d’animation. Avant Se planter, j’ai pu réaliser trois autres court-métrages, mêlant documentaire et animation : Journal d’une Accumulatrice, Drag Therapy (coréalisé avec Clara Le Pivain), et Tout à côté de moi, nommé Pépite Jeune Création au Festival International de Danse Animée. Chaque film est disponible sur mon site. Leur réalisation a toujours été parsemée de doutes, d’expérimentations, de rencontres … Mais je dois avouer que Se planter a été le plus délicat d’entre eux : entre le contexte de la crise sanitaire, et plus explicitement le contexte social de chaque jeune, leur participation a été un challenge touchant.
La direction artistique est étonnante pour un documentaire : comment cette forme est-elle venue, et qu’est-ce qu’elle te permet de dire à propos de ton sujet ?
Quand je suis allé.e rencontrer les jeunes de la MECS, je n’avais rien emporté pour prendre des images ; ce n’était pas l’objectif de les filmer, je voulais les entendre, les faire parler. Avoir « de la matière » comme on dit … Cependant, par manque de structure, ou de ce fameux « cadre », le dérushage des heures d’enregistrements a été un vrai casse-tête et a pris beaucoup plus de temps que prévu. Mon objectif était d’avoir une bande son satisfaisante avant de commencer les images…
Mais voyant les versions s’enchaîner, sans jamais en trouver une assez pertinente, j’ai commencé les images très tardivement, sans savoir sur quel son elles finiraient montées. Le film prenait en fait la forme d’un long podcast pendant les mois qui ont suivi l’atelier. Le texte a été réécrit de nombreuses fois. Composer la musique – comme toujours – a été salvateur quant à la structure des idées du film et des différents chapitres. Le temps passait et j’ai fini par tout faire parallèlement, sans jamais savoir exactement quels choix seraient faits à la fin. Après ces mois de grande réflexion, de peu d’images, et de beaucoup de doutes, j’ai vu le très touchant film de Michel Gondry « Conversation animée avec Noam Chomsky ». L’esthétique du film, débrouillarde mais précise, en animation traditionnelle sur papier, et jouant avec la lumière dans les transparences du papier, m’a beaucoup inspiré.e. D’importants choix ont suivi, comme le fait de rester dans des boucles d’animations simples mais fidèles à mes propres souvenirs, ou encore le choix de représenter des « cadres dans le cadre », semblants projetés sur un mur imaginaire.
Une dernière couche de sens a été rajoutée, alors que je finissais la musique : celle des fleurs. Ayant pris un bol d’air à Giverny avant ma dernière semaine de montage, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre – sans savoir qu’en faire – cette fameuse « matière »… cette fois-ci ce furent des photos de fleurs, de bourgeons et d’éclosions. Quelques jours plus tard, il m’est apparu comme une évidence que je m’étais bien planté.e dans le fait de poser un « cadre ». Que ce soit pour l’atelier ou pour le film. Cette réflexion germa bien vite, et chaque rencontre s’en trouva soudain transformée en fleur.
Comment as-tu créé techniquement l’animation du film ? En pratique, quels ont été tes outils pour le fabriquer ?
Les animations dessinées ont été faites sur TVPaint, et les portraits de personnages de l’histoire inventée ont été modélisés sur Blender. J’ai utilisé également des photos (simplement prises avec mon téléphone portable) de fleurs, de gomme, de crayons… Tout le compositing a été fait sur Adobe After Effects. Pour coloriser mes images et les rattacher à une réalité, j’ai utilisé plusieurs couches de photos pixelisées. Chaque élément possède sa propre vibration, pour ajouter un aspect organique et ductile dans l’esthétique finale.
Quels seront tes prochains projets, travailles-tu actuellement sur quelque chose ?
Je suis actuellement à la Royal Danish Academy of Fine Arts, en Erasmus dans le Master Visual Game and Media Design. De nouvelles connaissances dans des logiciels tels que Unity ou Blender, ainsi qu’en code, me permettront d’explorer de nouvelles formes de narration. L’interactivité et le jeu m’intéressent beaucoup, ayant créé plusieurs jeux de cartes depuis le début de mes études (dont le dernier jeu de cartes créé pour l’atelier avec les jeunes). D’ici la fin de l’année, je dois écrire mon mémoire. Mes recherches se porteront principalement sur la création sous contraintes et comment y trouver une approche pertinente lors de projets de film collectif. Ce documentaire partant d’un jeu de cartes a été une expérience décisive dans le choix de mon sujet.
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